EN GARDE!

Mai 6, 2024

Le français perd pied dans un domaine où jadis il était roi: l’escrime. Jusqu’ici, les consignes données aux combattants ont toujours été en français: En garde! Prêts? Allez! Halte! Mais une faction au sein de la Fédération Internationale milite pour que la langue officielle de la discipline ne soit plus le français.

L’escrime trouve ses origines dans le combat d’épée qui existe depuis des millénaires. Passant par un entraînement militaire, le sport tant qu’on le connaît date du XVIIIe siècle. Deux Français, le marquis François Chasseloup-Laubat et le roturier Camille Prévost, ont rédigé ensemble les premiers règlements de l’escrime. Elle figure au programme des JO depuis les Jeux d’Athènes en 1896. Le baron Pierre de Coubertin et son comité ont voulu intégrer les valeurs de l’escrime (c’est-à-dire la noblesse, l’honneur, le respect et la tradition) dans l’idéale olympique. Les femmes n’ont participé qu’à partir de 1924.

Il y a trois types d’armes: le fleuret, l’épée et le sabre avec des épreuves individuelles et en équipe. Parmi les athlètes de l’équipe française: Sara Balzer, numéro 1 mondiale et, chez les hommes, Enzo Lefort, Maxime Pauty et Julien Mertine qui ont décroché l’or en fleuret aux JO de Tokyo en 2020.

Il paraît que les compétitions internationales d’escrime deviennent de plus en plus fréquentées avec des combattants qui viennent de partout dans le monde. De nos jours, les communiqués, le site web etc. de la Fédération Internationale d’Escrime sont traduits en anglais et en espagnol. On a maintenu la langue française comme langue officielle à une voix. Il semble que résister à l’anglais ne soit plus le domaine exclusif de l’Académie Française!

EN GARDE!

French is losing ground in a field where it was formerly king: fencing. Until now, the instructions given to competitors have always been in French: En garde! Prêts? Allez! Halte! (On guard! Ready? Go ahead! Stop!) But a faction within the International Federation favours getting rid of French as the discipline’s official language.

Fencing has its roots in sword fighting which has been in existence for millenia. Via military training, the sport as we know it today dates from the eighteenth century. Two Frenchmen, the marquis François Chasseloup-Laubat and the commoner Camille Prévost, drew up the first rules of fencing together. It’s featured in the Olympic Games programme since the Athens games in 1896. Baron Pierre de Coubertin and his committee wanted to integrate the values of fencing (i.e. nobility, honour, respect and tradition) in the Olympic ideal. Women have only been participating sicne 1924.

There are three types of blade: the foil, épée and sabre with individual and team competitions. Amongst the athletes in the French team: world number 1 Sara Balzer, and, for the men, Enzo Lefort, Maxime Pauty and Julien Mertine who won gold in the foil class at the Tokyo Olympics in 2020.

There seem to be more and more competitors from all over the world in international fencing competitions. Nowadays, the International Fencing Federation’s official statements, the website etc.are translated into English and Spanish. The French language has hung on by one vote. Apparently resisting English is no longer just the domain of the Académie Française!


BOIRE DE L’EAU

avril 29, 2024

Il m’est impossible de boire de l’eau” affirme Chloé, une fille française de 18 ans, dans une vidéo qui compte beaucoup de visites sur TikTok. Parmi les réactions: une remise en cause de la véracité de son témoignage et la mise à l’index comme objet de ridicule ou grande malade.

Mais il paraît que cette jeune femme n’est pas seule: il y a des centaines de jeunes femmes qui s’identifient avec elle, font état de la même sensation de dégout et n’arrivent pas à boire de l’eau. Une seule bouchée peut provoquer des nausées, des maux de ventre, même la tremblote. Elles s’hydratent plutôt de boissons sucrées.

C’est encore une addiction qui nuit aux plus fragiles. Une envie irrésistible de consommer de plus en plus de sodas, aussi délétère à la santé que le tabac ou l’alcool, aussi nuisible que le contraire, la potomanie (quand quelqu’un boit trop d’eau). Les remplaçants ne sont pas seulement dangereux à cause de leur taux de sucre élevé, mais leur forte acidité endommage l’émail dentaire et certains des sodas causent la déshydratation.

Changer de perspective pour ces accros et voir l’eau comme source de guérison n’est pas facile. C’est une maladie mentale qui touche surtout les milieux sociaux défavorisés, un exemple bizarre des inégalités qui affligent de plus en plus notre société.

DRINKING WATER

I find it impossible to drink water” states Chloé, an 18 year old French girl, in a video which is getting a lot of views on TikTok. Amongst the reactions: the veracity of her testimony is called into question and she is written off as an object of ridicule or a seriously ill person.

But it seems that this young woman is not alone: there are hundreds of young women who identify with her, claim the same feeling of disgust and can’t manage to drink water. A single mouthful can give them nausea, stomach pains, even the shakes. In order to stay hydrated they drink sugary drinks.

Its another addiction which harms the most fragile people. An irresistible desire to drink more and more fizzy drinks, as bad for your health as tobacco or alcohol, as harmful as the opposite, potomania (compulsive water drinking). The substitutes are not only dangerous because of their high sugar content, but their strong acidity levels damage dental enamel and some fizzy drinks cause dehydration.

It’s not easy for these addicts to change their perspective and see water as a source of healing. It’s a mental illness which particularly affects disadvantaged sections of society, a strange example of the inequalities which are afflicting our society more and more.


L’ÎLE DES FAISANS

avril 15, 2024

Si on tombe sur le mot ‘condominium’, on pense naturellement à un appartement en copropriété, surtout aux États-Unis ou au Canada. Mais saviez-vous qu’il a aussi un sens politique? Il s’agit d’un pacte entre deux pays (ou plusieurs) leur assurant la souveraineté commune sur un territoire étranger.

À la frontière franco-espagnole, entre Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) et Irún (Pays basque espagnol), se trouve une minuscule île, d’une superficie de 3 000 m2, au milieu du fleuve Bidassoa. L’île des Faisans est le plus petit condominium au monde qui appartient et à la France et à l’Espagne. Le plus curieux c’est que, tous les six mois, elle passe de l’une à l’autre. Du 1er août au 31 janvier, l’île est française et du 1er février au 31 juillet espagnole. Et ça depuis 170 ans!

Pour découvrir l’origine de cette division de l’île, il faut remonter au XVIe siècle, à 1660 pour être précis. Le 5 juin 1660, le roi de France, Louis XIV et son homologue espagnol Philippe IV, fatigués des guerres entre les deux pays, ont signé un traité, chacun de leur côté de la ligne imaginaire qui divise l’île des Faisans. Aucune coïncidence donc que le mariage de Louis XIV à Maria Theresa d’Espagne a eu lieu le 9 juin 1660. Deux siècles plus tard, en 1856, Napoléon III et Isabella d’Espagne y ont signé le traité de Bayonne pour consolider la paix et créer le condominium symbolique.

Pourquoi s’appelle l’île des Faisans ainsi? Rien à voir avec les oiseaux gallinacés qui font ce bruit extraordinaire quand on les dérange. C’est plutôt parce qu’on y a pris plein de décisions et fait des lois et des traités. Les responsables étaient des ‘faisans’ qui ont beaucoup fait.

À propos, de nos jours l’accès à l’île est interdit au public.

L’ÎLE DES FAISANS

If you come across the word ‘condominium’, you naturally think of a flat with joint ownership, especially in the States or Canada. But did you know that it also has a political meaning? It signifies a pact between two countries (or several) giving them communal sovereignty over a foreign territory.

On the Franco-Spanish border, between Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) and Irún (Spanish Basque country), there’s a tiny island, with a surface area of 3,000 m2, in the middle of the Bidassoa river. This island is the world’s smallest condominium which belongs to both France and Spain. The strangest thing is that, every six months, it moves from one to the other. Between 1st August and 31st January, the island is French and between 1st February and 31st July, it’s Spanish.

To discover the origin of this division of the island, we have to go back to the 16 th century, to 1660 to be precise. On 5th June 1660, the king of France, Louis XIV and his Spanish counterpart Philippe IV, tired of wars between the two countries, signed a treat, each of them on their side of the imaginary line which divides l’île des Faisans. No coincidence then that the marriage of Louis XIV to Maria Theresa of Spain took place on 9th June 1660. Two centuries later, in 1856, Napoleon III and Isabella of Spain signed the treaty of Bayonne there to consolidate the peace and create the symbolic condominium.

Where does the île des Faisans get its name from? Nothing to do with the gallinacean birds which make that extraordinary noise when you disturb them. Actually it’s because a lot of decisions were taken there and laws and treaties made. The people responsible were ‘faisans’ (‘doers’ ) who did a lot.

By the way, nowadays access to the island by the public is not allowed.


POURQUOI PARIS MAIS PAS OXFORD?

avril 8, 2024

Un concept déjà adopté à Portland et Detroit aux États-Unis et à Melbourne en Australie entre autres fait son chemin dans la capitale française: la ville de 15 minutes. L’idée s’oppose à une centralisation des services dans le centre-ville et à l’éparpillement des services dans des secteurs inaccessibles autrement qu’en automobile.

Carlo Moreno, un urbaniste franco-colombien, propose une organisation urbaine qui permet à tout habitant à accéder à ses besoins essentiels en 15 minutes de marche ou vélo à partir de son domicile. On trouvera tout ce qui est est essentiel à la vie près de chez soi: faire des courses, travailler, s’amuser, se cultiver, faire du sport, se faire soigner.

Les bénéfices sont nombreux: santé, qualité de vie, gain de temps, vitalité économique, diminution de la dépendance à l’automobile, réduction de la congestion et des collisions, amélioration de la qualité de l’air, limitation des émissions de gaz à effet de serre. Selon Moreno “La ville du quart d’heure n’est pas une baguette magique, il faut l’adapter aux conditions locales de chaque ville”. Mais quand on veut, on peut. Et la maire de Paris, Anne Hidalgo, le soutient.

Par contre, à Oxford au Royaume-Uni, les habitants manifestent contre cette idée. Même les quartiers à faible trafic leur semblent une abomination. Ils pensent que c’est un complot visant à les confiner chez eux et à restreindre leurs déplacements. La municipalité a même dû supprimer toute mention des ‘15-minute cities’ de son plan local, en affirmant que le concept est devenu trop toxique et incendiaire. Les opposants ont même soumis les membres du conseil municipal à des insultes.

On ne peut que spéculer sur les mécanismes des cerveaux des Oxoniens. Aux grands maux, les grands remèdes. Comment ne pas aimer cette solution?

WHY PARIS BUT NOT OXFORD?

A concept, already adopted in Portland and Detroit in the United States and in Melbourne Australia amongst others, is catching on in the French capital: the 15-minute city. The idea is counter to the centralisation of services in the town centre and the scattering of services in sectors inaccessible except by car.

Carlo Moreno, a French-Colombian town planner, is proposing that towns be organised so as to allow all their inhabitants to have access to their basic needs within 15 minutes’ walk or cycle ride from their home. You’ll find all life’s essentials near where you live: shopping, work, education, entertainment, sport, health facilities.

There are numerous advantages: health, quality of life, time saving, economic vitality, less car dependance, reduced congestion and collisions, improved air quality, less greenhouse gas emissions. According to Moreno “The 15-minute city is not a magic wand, it has to be adapted to local conditions in each town”. But where there’s a will, there’s a way. And the mayor of Paris, Anne Hidalgo, supports him.

However, in Oxford in the UK, residents are demonstrating against this idea. Even low-traffic areas seem to be anathema to them. They think it’s a conspiracy to confine them to their homes and restrict their movements. The local council has even had to remove any mention of ‘15-minute cities’ from the local plan, stating that the concept has become too toxic and incendiary. Opponents have even been abusing members of the council.

One can only speculate on the workings of the brains of Oxonians. Desperate times call for desperate measures. What’s not to like about this solution?


À VOS MARQUES, PRÊTS, PARTEZ!

avril 1, 2024

Dimanche dernier, après 13 ans d’absence, la course des cafés est retournée à Paris. Environ 200 serveuses et serveurs ont participé à l’événement qui était tombé en désuétude depuis 2011, faute de sponsor.

Les participants, portant tabliers traditionnels et chemises blanches, ont dû porter, d’une main et avec élégance, un plateau chargé d’un café, un verre d’eau et un croissant, sur deux kilomètres au coeur du quartier du Marais dans le IVe arrondissement de Paris.

En 2024 c’est la mairie qui est intervenue pour organiser la manifestation avec Eau de Paris (qui gère l’eau potable dans la ville). “Les cafés c’est l’âme de Paris” a dit Dan Lert, président d’Eau de Paris. Aucune coïncidence donc que c’est en 2024, l’année olympique, qu’on a rétabli cette course qui date de 1914. Un petit avant-goût sportif pour les milliers de visiteurs attendus à la capitale cet été.

L’événement a aussi servi à attirer l’attention sur le manque de personnel dans ce secteur.

Les gagnants – Pauline Van Wymeersch pour les femmes et Samy Lamrous pour les hommes – ont été invités à la cérémonie d’ouverture des JO le 26 juillet.

ON YOUR MARKS, GET SET, GO!

Last Sunday, after an absence of 13 years, the Café Race returned to Paris. Around 200 waitresses and waiters took part in an event which had fallen into abeyance since 2011 because of a lack of a sponsor.

Participants, wearing traditional aprons and white shirts, had to carry, one-handed and with elegance, a tray with a coffee, a glass of water and a croissant, over a two kilometer course in the heart of the Marais quarter in Paris’ 4th arrondissement.

In 2024 it was the Town Hall which stepped in to organise the event with Eau de Paris (which manages the city’s drinking water). “Cafés are the soul of Paris” said Dan Lert, president of Eau de Paris. No coincidence then that it was in 2024, Olympic year, that the race which first took place in 1914 was revived. A little sporting foretaste for the thousands of visitors expected in the capital this summer. The event also served to draw attention to the shortage of staff in the sector.

The winners – Pauline Van Wymeersch for the women and Samy Lamrous for the men – have been invited to the opening ceremony of the Olympic Games on 26 July.