CHAT ÉCHAUDÉ CRAINT L’EAU FROIDE

mai 8, 2023

L’expression signifie que, si vous avez vécu un événement effrayant, vous mettrez tout en oeuvre pour en éviter une répétition. Bref, on apprend par expérience.

On dit que le dicton remonte au XIIIe siècle. Pourquoi l’eau froide? Un chat ne sait pas si l’eau est chaude ou froide, donc, s’il a déjà été échaudé, il a tendance à pécher par excès de prudence.

L’aversion des chats pour l’eau est bien connue. Ils n’ont ni sous-poil hydrofuge ni couche de graisse isolant. Ils savent nager, mais pas très loin. Ils sont adaptés aux régions désertiques où vivaient leurs ancêtres.

Si on se fait échauder, par exemple en se laissant prendre par une arnaque on en faisant un mauvais placement, il est à souhaiter que cette erreur ne se reproduise pas. Malheureusement, chez l’être humain, ce n’est pas toujours le cas.

Dans la célèbre fable Le Corbeau et le Renard de Jean de la Fontaine le corbeau penaud correspondrait bien à cette expression: ‘Le corbeau, honteux et confus, jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus’.

A SCALDED CAT FEARS COLD WATER (ONCE BITTEN, TWICE SHY)

The expression means that if you’ve had a frightening experience, you’ll pull out all the stops to avoid a repetition. In short, you learn by experience.

Apparently the saying goes back to the thirteenth century. Why cold water? A cat doesn’t know whether water is hot or cold, so, if he’s already been scalded, he tends to err on the side of caution.

Cats’ dislike of water is well known. They have neither a waterproof undercoat nor a layer of insulating fat. They can swim, but not very far. They’re suited to the desert areas where their ancestors lived.

If you get your fingers burnt, for example by falling for a scam or by making a bad investment, it’s to be hoped that this mistake won’t happen again. Unfortunately, as far as human beings are concerned, that’s not always the case.

In Jean de la Fontaine’s famous fable ‘The Crow and the Fox’, the sheepish crow would fit this expression well. ’The crow, ashamed and embarrassed, swore, but a bit late, that he wouldn’t get caught a second time’.


MÉTRO, BOULOT, TOMBEAU

janvier 30, 2023

Métro, boulot, dodo’ Vous êtes sans doute déjà tombés sur cette expression bien-aimée des Français. Cette façon succincte de critiquer la monotonie de la vie quotidienne dérive de la dernière ligne du poème de Pierre Béarn écrit en 1951: Au déboulé garçon pointe ton numéro / Pour gagner ainsi le salaire / D’un morne jour utilitaire / Métro, boulot, bistro, mégots, dodo, zéro. La popularisation de l’expression est surtout liée aux événements de mai 1968.

Pendant ce mois de janvier 2023, plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté en France contre la réforme des retraites portée par le gouvernement (mais qui ne trouvera peut-être pas une majorité au parlement).

Parmi les pancartes des manifestants une nouvelle version de la phrase préférée des profs de français comme langue étrangère a attiré mon attention: “Métro, boulot, tombeau” fait allusion à l’allongement progressif de l’âge de la retraite de 62 ans à 64 ans d’ici 2030 qui est proposé.

D’autres slogans accrocheurs repérés:

La retraite avant l’arthrite

Pas de planète, pas de retraite

Plus de retraités joviaux, moins d’évadés fiscaux

Allô pépé, tu peux garder les mômes? Bah nan, j’peux pas, chuis au taf!

Une chanson d’Eddy Mitchell, qui date de 1971, semble bien incarner la phrase: https://www.youtube.com/watch?v=DFy_IRYTt7o

Lecture supplémentaire: mon article dans l’archive de mars 2014: Vélo, boulot, dodo https://saliannefrenchfocus.wordpress.com/2014/03/18/1881/

METRO, WORK, GRAVE

Métro, boulot, dodo’. You’ve doubtless already come across this well-loved French expression. This succinct way of criticising the monotony of daily life which has its roots in the last line of the poem of Pierre Béarn written in 1952: Rush in boy punch your number / Thus to earn the salary / Of a dreary utilitarian day / Metro, work, bistro, cigs, sleep, zero. The expression really became popular during the events of May 1968.

During January 2023, severalhundred thousand people en France demonstrated against the government’s proposed retirement reform (which may not get a parliamentary majority).

Amongst the protesters’ placards a new version of the favourite phrase of teachers of French as a foreign language caught my eye: ‘Métro, boulot, tombeau’ (metro, work, grave) refers to the proposed progressive extension of the retirement age from 62 to 64 between now and 2030.

Other eye-catching slogans spotted:

La retraite avant l’arthrite (Retirement before arthritis)

Pas de planète, pas de retraite (No planet, no retirement)

Plus de retraités joviaux, moins d’évadés fiscaux (More happy retirees, less tax evaders)

Allô pépé, tu peux garder les mômes? Bah nan, j’peux pas, chuis au taf! (Hello Grandad, can you look after the kids? No, I can’t, I’m at work!)

An Eddy Mitchell song from 1971 seems to illustrate the phrase well: https://www.youtube.com/watch?v=DFy_IRYTt7o

Further reading: my article ‘Vélo, boulot, dodo’ from the March 2014 archive: https://saliannefrenchfocus.wordpress.com/2014/03/18/1881/


MIAOU!

juillet 25, 2022

Les chats et les chatons sont incontestablement les coqueluches du web. Ils font craquer les internautes partout dans le monde. Leurs frimousses nous rendent amoureux et leurs facéties nous font bien rire. Quelques minutes passées en compagnie d’un chat mignon, même un chat virtuel, nous font du bien.

Mais vous rendez-vous compte combien la langue française (et d’autres langues d’ailleurs) est truffée d’expressions qui contiennent le mot chat? Ci-dessous quelques exemples, vous en trouverez bien d’autres.

Vous êtes gêné pour parler, vous êtes enroué? Évitant toute expression médicale, les Français ont l’habitude de dire “J’ai un chat dans la gorge”. Pourquoi un chat plutôt qu’une grenouille à l’anglaise, je n’en sais pas plus que vous.

Quand on a envie de parler franchement, surtout avec quelqu’un qui tend à l’euphémisme, on encourage l’autre à appeler les choses par leur nom en disant “Appelons un chat un chat”. La bêche qui figure dans l’expression équivalente anglaise est introuvable.

Vous cherchez quelqu’un, mais il n’y a personne? Les Français diraient peut-être “Il n’y a pas un chat” ou “Il n’y a pas la queue d’un chat”. Ça peut aussi signifier qu’il n’y a pas beaucoup de monde dans un endroit où on s’attendait à une foule.

Il semble que les rois de la jungle Internet enrichissent aussi notre façon de parler.

MIAOW!

Cats and kittens are undoubtedly the darlings of the web. People surfing the net can’t resist them. Their sweet little faces make us fall in love and their antics give us a good laugh. A few minutes spent in the company of a cute cat, even a virtual cat, does us good.

But do you realise the extent to which the French language (and other languages besides) is peppered with expressions containing the word cat. Here are a few examples, you’ll find plenty more.

Are you having trouble speaking, are you hoarse? Avoiding all medical expressions, the French are in the habit of saying “I’ve got a cat in my throat”. Why a cat rather than a frog in the English manner, your guess is as good as mine.

When you want to speak frankly, especially with someone who has a tendency to euphemise, you can encourage the other person to call things by their name by saying “Let’s call a cat a cat”. The spade which appears in the equivalent English expression is nowhere to be seen.

Are you looking for someone, but there’s nobody there? French people might say “There isn’t a cat there” or “There isn’t a cat’s tail”. This can also mean that there aren’t many people in a place where you’re expecting a crowd.

It seems that the kings of the Internet jungle also enrich our way of speaking.


COÛTER LES YEUX DE LA TÊTE

mai 2, 2022

On attache beaucoup d’importance à la vue et aux yeux. Donc on voit facilement l’origine de l’expression coûter les yeux de la tête. Ceux qui parlent moins bien disent souvent que ça coûte la peau des fesses.

À cette époque d’inflation qui fait rage, on a recours à toute une flopée d’expressions colorées pour exprimer sa situation. Le citoyen lambda souffre financièrement, tout le monde semble être dans la mouise et rouspète contre l’envolée des prix. On dit qu’on a du mal à joindre les deux bouts ou à boucler ses fins de mois. Si on est vraiment dans la dèche, on dit qu’on est fauché, on n’a plus un radis etc.

Le magazine 60 millions de consommateurs (l’équivalent français du magazine anglais Which?) a lancé son ‘Observatoire de l’inflation’. En février 2022, l’association a constaté que le prix de son panier, composé de 31 produits de première nécessité, avait augmenté de 2,44% sur un an. L’essence, l’électricité, les aliments de base (surtout les pâtes et les huiles végétales) sont les plus touchés. Le magazine prévient de l’impact brutal sur les ménages les plus modestes.

Pour certaines personnes, les banques alimentaires sont devenues des planches de salut. Il n’y a aucun doute, aujourd’hui, faire ses courses hebdomadaires, ça douille.

COÛTER LES YEUX DE LA TÊTE (to cost an arm and a leg)

We attach a lot of importance to eyesight and our eyes. So you can easily see the origin of the expression ‘coûter les yeux de la tête’ (to cost an arm and a leg). Less well-spoken people often say ‘coûter la peau des fesses’ (to cost the skin of the buttocks).

At this time when inflation is rampant, people are resorting to a load of colourful expressions to describe their situation. The average citizen has money problems, everyone seems to be broke and is grumbling about the surge in prices. People say they’re having trouble making ends meet or making it to the end of the month. If you’re flat broke, you say you are ‘fauché’, you haven’t got a radish etc.

The magazine 60 millions de consommateurs (the French equivalent of the English magazine ‘Which?’) launched its ‘Inflation Watchdog’. In February 2022, the association recorded that the price of its basket, made up of 31 basic products, had increased by 2.44% in a year. Petrol, electricity, basic foodstuffs (especially pasta and vegetable oil) are the most affected. The magazine is warning of the drastic impact on low income households.

For some people, food banks have become a lifeline. There’s no doubt about it, doing your weekly shop these days costs a fortune.


RAMENER SA FRAISE

juin 21, 2021

C’est la saison des fraises, mais en fait cette expression haute en couleur, qui évoque une vision de barquettes (en carton ou en bois svp, mais pas en plastique) de fraises sucrées et juteuses, n’a pas grand-chose à voir avec les fraises. La fraise est un mot argotique pour la tête, donc on dit qu’une personne ramène sa fraise quand elle intervient dans une discussion qui ne la regarde pas ou sans qu’on lui demande son avis.

Je ne m’excuse pas de ramener ma fraise au sujet de la souveraineté alimentaire car, ces dernières années, la France a perdu 14% de la surface cultivée en légumes. Avec le changement climatique, les maraîchers, les agriculteurs, les viticulteurs font face à beaucoup de difficultés.

Selon Christiane Lambert, présidente de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles), le premier syndicat agricole français, « La France importe de plus en plus son alimentation : 60 % des fruits et 40% des légumes consommés en France sont importés ». Par exemple, deux tiers des fraises mangées en France sont importées, bien que la France soit productrice par excellence de ce fruit délicieux et que beaucoup de Français plébiscitent l’alimentation de proximité.

Le vieillissement de la profession est encore un enjeu majeur. Beaucoup d’agriculteurs prennent leur retraite, sans trouver des jeunes pour les remplacer. Il faut que le gouvernement soutienne ceux qui sont prêts à prendre le relais et les aide à s’installer.

Le réchauffement de la planète est un problème pour le monde entier. La sécurité alimentaire est primordiale pour n’importe quel pays. Il est donc important de réagriculturaliser la France et de réduire les importations au strict minimum. À propos, il en va de même pour le Royaume-Uni.

RAMENER SA FRAISE

It’s the strawberry season, but actually this colourful expression, which brings to mind visions of punnets (cardboard or wood please, not plastic) of sweet, juicy strawberries, doesn’t have much to do with strawberries. ‘La fraise’ (strawberry) is a slang word for the head, so you talk about someone sticking their strawberry in when they intervene in a discussion which is none of their business or when nobody is asking their opinion.

I make no apology for sticking my oar in with regard to food security as, in recent years, France has lost 14% of its agricultural land devoted to vegetables. With climate change, market gardeners, farmers and wine growers are facing a lot of difficulties.

According to Christiane Lambert, president of the FNSEA (National Federation of Agricultural Trade Unions), the biggest French agricultural trade union, “France imports more and more of its food: 60% of fruit and 40% of vegetables eaten in France are imported. For example, two thirds of strawberries consumed in France are imported, even though France is a producer par excellence of this delicious fruit and a lot of French people are overwhelmingly in support of local food.

The ageing of the profession is also a major issue. A lot of farmers are retiring, without finding young people to replace them. The government must give support to those who are willing to take over and help them to set up.

Global heating is a problem for the whole world. Food security is essential for any country. It’s important therefore to re-agriculturalise France and reduce imports to a strict minimum. By the way, the same goes for the UK.