MICHEL HOUELLEBECQ

septembre 8, 2015

Cette semaine la traduction anglaise du roman Soumission de Michel Houellebecq sera publiée. Et ça fait déjà couler beaucoup d’encre.

Houellebecq: on l’admire, on le déteste, on l’adore, on lui reproche son franc-parler, on le lionise. En France c‘est probablement le romancier le plus discuté de tous les temps. On l’accuse d’être misogyne, misanthrope, islamophobe, provocateur. Depuis l’attaque sur Charlie Hebdo, il est sous la protection de la police 24h/24. Sa caricature était à la une de l’hebdo sorti le 7 janvier 2015, jour du massacre.

Et ce nouveau roman? C’est le sixième de l’enfant terrible de la littérature française qui a gagné le prestigieux prix Goncourt en 2010 pour La carte et le territoire. La nouvelle oeuvre s’appuie sur une notion fantaisiste: c’est l’an 2022 et après deux quinquennats de François Hollande, le pays est au bord de la guerre civile. Marine Le Pen du Front National conteste le second tour de l’élection présidentielle avec Muhammad Ben Abbes de la Fraternité Musulmane.

Le livre a vendu 650 000 copies en France. Il est intéressant de noter que les couvertures varient selon le pays de publication. L‘édition anglaise est noire et montre la ligne des toits parisienne, celle de la Hongrie montre la Joconde en burqa tandis que l’originale française est très simple et sans image.

Je n’écris pas pour aujourd’hui dit Houellebecq. J’écris pour le long terme. Cet écrivain formidable, est-il aussi prophète?

A lire une interview dans le Guardian: http://www.theguardian.com/books/2015/sep/06/michel-houellebecq-submission-am-i-islamophobic-probably-yes

et à écouter ce court profil de Radio 4: http://www.bbc.co.uk/programmes/b068lst2

soumission french submission english soumission hungarian

MICHEL HOUELLEBECQ & SUBMISSION

This week the English translation of Michel Houellebecq’s novel ‘Submission’ will be published. And there’s already a lot of comment about it.

Houellebecq: he’s admired, hated, adored, criticised for his outspokenness, idolized. In France he’s probably the most controversial novelist of all time. He’s accused of being a misogynist, a misanthrope, Islamophobic, provocative. Since the attack on Charlie Hebdo, he’s been under 24-hour police protection. A cartoon of him was on the front page of the weekly which came out on 7 January 2015, the day of the massacre.

And the new novel? It’s the sixth by the ‘enfant terrible’ of French literature who won the prestigious prix Goncourt in 2012 for ‘The Map and the Territory’. The new work relies on a clever conceit: it’s 2022 and after François Hollande’s two terms as President, the country is on the verge of civil war. Marine Le Pen of the ‘Front National’ is lining up against Muhammad Ben Abbes of the ‘Fraternité Musulmane’ in the second round of the presidential election.

The book has sold 650 000 copies in France. It’s interesting that the covers vary according to the country of publication. The English edition is black and shows the Parisian skyline, the Hungarian one shows the Mona Lisa in a burka, whilst the original French version is very plain and has no image.

‘I’m not writing for today’ says Houellebecq. ‘I’m writing for the long term.’ Is this brilliant writer also a prophet?

Read a Guardian interview: http://www.theguardian.com/books/2015/sep/06/michel-houellebecq-submission-am-i-islamophobic-probably-yes

Listen to a short profile on Radio 4: http://www.bbc.co.uk/programmes/b068lst2


IL FAUT CULTIVER NOTRE JARDIN

novembre 18, 2014

C’est une des phrases les plus connues de la langue française, cette déclaration qui termine le roman Candide de l’écrivain-philosophe humaniste Voltaire, publié en 1759.  Le titre alternatif de ce chef d’œuvre est L’Optimiste.

L’usage et le mauvais usage de la citation sont répandus : l’interprétation de la phrase est bien discutable. Certains disent que l’écrivain nous conseillait de nous occuper de notre petit coin et d’ignorer tout ce qui se passe autour de nous, autrement dit, il vaut mieux s’occuper de ses affaires que de critiquer celles des autres. On pourrait même dire qu’il faut s’occuper de ses oignons.

D’autres pensent que Voltaire nous conseillait de travailler, de développer nos qualités personnelles et d’exercer nos talents, si on veut être heureux. On a même détourné le sens vers une obligation de ne jamais perdre de vue ses intérêts, une curieuse ironie qui amuserait sans doute l’auteur.

Il y a beaucoup de références contemporaines dans cette satire que l’on peut considérer comme un rapport sur l’état du monde, puisque Voltaire a situé son histoire parmi les grands titres du jour, notamment le tremblement de terre de Lisbonne en 1755. Selon Julian Barnes, Candide est ‘une rumination sur la nature humaine et les problèmes du libre arbitre’ qui aurait semblé aux lecteurs du dix-huitième siècle comme une BD de nos jours.

Si vous voulez lire Candide, le roman est disponible en version originale gratuitement au site Internet du Projet Gutenberg http://www.gutenberg.org/   Je note aussi qu’une traduction anglaise est disponible à télécharger en version Kindle.

 

voltaire

 

WE MUST CULTIVATE OUR GARDEN

It’s one of the most well-known phrases in the French language, this declaration in the final line of the novel ‘Candide’ by the humanist writer-philosopher Voltaire, published in 1759. The alternative title of this masterpiece is ‘The Optimist’.

The use and misuse of the quote is widespread : its meaning is controversial. Some people say that the author was advising us to look after our own little corner and to ignore what’s going on around us, in other words, it’s better to look after our own affairs than to criticise others. You could even say that we should mind our own business.

Others think that Voltaire was advising us to work, to develop our personal qualities and to exercise our talents, if we want to be happy. The sense of the phrase has even been hijacked to mean we should always have an eye to the main chance, a curious irony which would doubtless amuse the author.

There are a lot of contemporary references in the satire which can be thought of as a report on the state of the world, since Voltaire set his story amongst the headlines of the day, in particular the Lisbon earthquake of 1755. According to Julian Barnes, ‘Candide’ is ‘a rumination on human nature and the problems of free will’ which, to eighteenth century readers, would have seemed like a modern-day strip cartoon.

If you want to read ‘Candide’, it’s available in French for free on the Gutenberg Project websitehttp://www.gutenberg.org/ I also note that an English version is available to download as a Kindle book.


PRIX NOBEL DE LA LITTÉRATURE DÉCERNÉ À PATRICK MODIANO

octobre 16, 2014

Le prix Nobel de la littérature vient d’être décerné à l’écrivain français Patrick Modiano, acclamé comme le Marcel Proust du vingt-et-unième siècle. C’est le quinzième gagnant français de ce prix prestigieux.

L’académie suédoise souligne ‘l’art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l’occupation’.

Peut-être doit-il ces aperçus à son enfance difficile (il est né en 1945), son éducation et une adolescence terrible qui ont beaucoup marqué sa vie. Fils d’une mère actrice flamande et d’un père juif italien, il a été élevé par ses grands-parents et a passé plusieurs années en pensionnat.

Son style est simple et sophistiqué en même temps. Tout le monde connaît son aveu célèbre qu’il était inquiet d’écrire toujours un peu le même livre. Il en a écrit une trentaine qui, c’est vrai, se concentrent souvent sur le Paris de la Seconde Guerre mondiale.

Jamais lu les romans de Modiano ? Si vous voulez en choisir un pour débuter, Raphaëlle Leyris vous recommande Dora Bruder dans ce court interview sur le site web du journal  Le Monde : http://www.lemonde.fr/livres/video/2014/10/09/pourquoi-le-nobel-a-ete-attribue-a-patrick-modiano_4503879_3260.html

Bonne lecture!

Encore un Français, l’économiste Jean Tirole, vient de recevoir le prix Nobel de l’économie. Il travaille depuis les années 80 pour limiter la puissance des grandes entreprises.

 

dora bruder

dora bruder 1

NOBEL LITERATURE PRIZE AWARDED TO PATRICK MODIANO

The Nobel prize for literature has just been awarded to the French writer Patrick Modiano, hailed as the Marcel Proust of the twenty-first century. He’s the fifteenth French winner of this prestigious prize.

The Swedish academy stresses ‘the art of memory with which he has evoked the most hard to capture human experiences and described life under the occupation.’ Perhaps he owes these insights to his difficult childhood (he was born in 1945), his upbringing and his terrible adolescence which had a big effect on his life. The son of a Flemish actress and an Italian Jew, he was brought up by his grandparents and spent several years at boarding school.

His style is simple yet sophisticated. He famously admitted that he was worried that he was continually writing the same book. He wrote thirty of them which, it’s true, often focus on Paris during the Second World war.

Never read Modiano? Raphaëlle Leyris recommends ‘Dora Bruder’ in this short interview on the newspaper Le Monde’s website : http://www.lemonde.fr/livres/video/2014/10/09/pourquoi-le-nobel-a-ete-attribue-a-patrick-modiano_4503879_3260.html

Happy reading!

Another Frenchman, the economist Jean Tirole, has just received the Nobel Prize for Economics. He’s been working since the 1980s on curbing the power of major companies.

 

 

 


UN ÉTRANGER DANS SON PAYS NATAL

novembre 8, 2013

Hier, le 7 novembre, était le centenaire de la naissance d’Albert Camus en Algérie. Ce philosophe de l’absurde a trouvé la mort de façon appropriée dans un banal accident de voiture en 1960.

Footballeur prometteur, obligé d’abandonner sa carrière à l’âge de 17 ans après un diagnostic de tuberculose, écrivain, philosophe, pacifiste, journaliste et lauréate du Prix Nobel de Littérature, Camus est sans aucun doute le plus célèbre des pieds-noirs*. Pourtant, il n’y aura pas de commémoration officielle en Algérie ce novembre de celui que la plupart des Algériens considèrent comme colonialiste. L’ironie, c’est que, partout dans le monde, le public ignore tout de l’Algérie, sauf le nom de Camus.

Pour lui, le monde était une cité ou pourraient cohabiter des hommes libres et égaux. À son avis, il n’y avait qu’un seul vrai problème philosophique : le suicide. Juger si la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécu, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie.

L’Étranger est probablement son livre le plus accessible, surtout aux étrangers, grâce à sa brièveté et la simplicité de l’intrigue. Comme La Peste, l’histoire se passe dans son pays natal et est souvent considérée comme un hymne à l’existentialisme et à l’aliénation.

*le terme fait allusion au million de colons d’origine européenne vivant en Algérie pendant le mandat français.

 

English: Albert Camus in 1957

Albert Camus en 1957 (Photo credit: Wikipedia)

A STRANGER IN HIS NATIVE LAND

Yesterday, 7 November, was the centenary of the birth of Albert Camus in Algeria. This philosopher of the absurd died fittingly in a banal car accident in 1960.

A promising footballer who had to give up his career aged 17 after TB was diagosed, a writer, philosopher, pacifist, journalist and Nobel prize winner, Camus is undoubtedly the most famous‘ black foot’. And yet there’s no official commemoration this November of someone who most Algerians see as a colonialist. The irony is that, all around the world, people know nothing about Algeria except the name of Camus.

For him, the world was a city where men could live freely and equally. In his view, there was only one real philosophical problem: suicide. Deciding whether life is worth living or not is philosophy’s fundamental question.

‘L’Étranger’ (The Stranger) is probably his most accessible book, particularly for foreigners, thanks to its brevity and the simplicity of the plot. Like ‘La Peste’ (The Plague), the story is set in his native country and is often thought of as a hymn to existentialism and alienation.

*a term meaning “black foot,” used to refer to the one million colonists of European origin living in Algeria during French rule.

 

 


LES LIVRES NUMÉRIQUES

octobre 11, 2013

Avez-vous une liseuse ou une tablette pour lire les livres numériques ? Ces nouveaux dispositifs de lecture commencent à avoir la cote au Royaume-Uni (12% du chiffre d’affaires de l’édition en 2012) et surtout aux États-Unis (20% du marché de l’édition). Mais le public français reste à convaincre et le pourcentage de réfractaires est grand : le numérique représentait seulement 3,1% du chiffre d’affaires de l’édition française en 2012.

L’attachement au support papier est fort chez les lecteurs compulsifs et les rats de bibliothèque. Même les avantages évidents de la commodité et le gain de poids et de place ne les convainquent pas de passer à l’électronique.

Le premier livre numérique est apparu il y a dix ans et ce sont surtout les hommes qui se sont précipités à adopter cette nouvelle forme de lecture, plus de la moitié d’entre eux ayant moins de 35 ans. Le déclic pour les convertir est souvent les voyages. Pouvoir emporter la totalité des œuvres de Proust ou de San-Antonio est une tentation géniale pour un dévoreur de livres.

Certains se plaignent du prix toujours assez élevé d’un livre numérique. Mais si vous aimez les classiques, le Projet Gutenberg vous offre des livres du domaine public numériques gratuits. La plupart des parutions sont en anglais, mais il y a quand même un nombre significatif en français.

Que vous restez fidèle au papier ou que vous vous lancez dans le numérique, bonne lecture !

Livre Numerique

Livre Numerique (Photo credit: Ownipics)

 

E BOOKS

Have you got an e-reader or a tablet so that you can read e-books ? These new reading devices are starting to be popular in the UK (12% of publishers’ turnover in 2012) and particularly in the USA (20% of the publishing market). But the French reading public has not been won over and the percentage of resisters is high: e-books accounted for only 3.1% of turnover for French publishers in 2012.

Compulsive readers and bookworms are still strongly attached to paper. Even the obvious advantages, such as the convenience and the saving of weight and space, don’t convince them to go over to electronics.

The first e-book appeared ten years ago and it was men in particular who rushed to adopt this new way of reading, over half of them aged under 35. The trigger which converts them is often travel. Being able to take all Proust’s or San-Antonio’s works with you is a delicious temptation for someone who loves reading.

Some people complain that the price of e-books is still quite high. But if you like the classics, the Gutenberg project offers you free e-books which are out of copyright. Most of the titles are in English, but there’s quite a large number of French ones too.

Whether you’re staying faithful to paper or branching out into e-books, happy reading!