FAIRE DE LA PERRUQUE

septembre 21, 2020

Faire de la perruque: voilà une expression haute en couleur qui signifie faire, pendant les heures de travail, une tâche personnelle, souvent avec le matériel de l’entreprise.

À dire vrai, de temps en temps tous les employés de bureau ont travaillé pour leur propre compte au boulot. C’est inévitable pour ceux qui travaillent à plein temps. Dans la presse par exemple, des journalistes employés par une publication font aussi des piges et cela parfois pendant leurs heures de travail officielles. Mais l’arrivée généralisée du télétravail brouille la frontière maison-travail et risque d’entraîner une épidémie de faire de la perruque.

Déjà à la mode sous Louis XIII, c’est Louis XIV, chauve à 20 ans après avoir attrapé la typhoïde, qui a popularisé le port des perruques à la cour. L’aristocratie et la bourgeoise l’ont vite imité et la beauté de la perruque est devenue une indication de rang social. La révolution de 1789 a mis un terme à la pratique car, si vous portiez une perruque, vous risquiez de perdre la tête qu’elle enjolivait.

La perruque est devenue un symbole de tromperie, d’où l’expression, car le travail personnel au boulot est forcément dissimulé et la pratique trompe l’employeur. On dit que les coiffeurs d’autrefois ramassaient les cheveux coupés pour les vendre aux perruquiers, pour leur propre compte …

FAIRE DE LA PERRUQUE

Faire de la perruque (to do the wig!): here’s a colourful expression which means to do personal stuff during work hours, often using company equipment.

Truth to tell, from time to time all office workers have done private stuff at work. It’s unavoidable for full-time workers. In the press for example, journalists employed by a publication also do freelance work, sometimes during official company time. But the widespread adoption of home working is blurring the home-work boundary and risks leading to an epidemic of ‘wigging’.

Already fashionable under Louis XIII, it was Louis XIV, bald at age 20 after catching typhoid, who popularised wearing wigs at court. The aristocracy and bourgeoisie soon followed suit and the beauty of the wig became an indication of social status. The 1789 revolution put a stop to the practice since, if you wore a wig, you risked losing the head it was embellishing.

The wig became a symbol of deception, hence the expression, as, if you do personal stuff at work, it has of course to be concealed and the practice is deceiving the employer. They say that in the past hairdressers used to collect cut hair to sell it to wigmakers, for their own benefit …


EN FACE-À-FACE

août 31, 2020

Après toute la polémique autour du port du voile à l’école, nous voilà face à une nouvelle polémique faciale pour la rentrée 2020: qui doit se couvrir le visage contre la propagation de la Covid-19?

Les grands, les petits, les profs? Recommandé, obligatoire, interdit? Lors des déplacements, dans des lieux où la distanciation sociale est difficile, partout? Suivre l’évolution des règles sanitaires est devenu un vrai défi.

Les profs obligés de porter un masque doivent trouver des moyens de renforcer leur enseignement: le regard, la voix, les gestes. C’est inventer une nouvelle façon de communiquer en classe.

Entretemps, cette polémique autour du port du masque m’a fait réfléchir à la traduction du mot anglais ‘face’, car il existe trois possibilités en français: le visage, la figure et la face. Le visage et la figure semblent être plus ou moins équivalents et s’appliquent surtout à une personne. Par contre, on emploie la face plutôt quand on parle d’un animal, et aussi dans des expressions courantes comme faire face à quelque chose, perdre/sauver la face et en face-à-face.

Mais attention, plusieurs expressions anglaises avec ‘face’ ne se traduisent pas littéralement: par exemple pour ‘to make a face’ on dirait ‘faire une grimace’, pour ‘to keep a straight face’ on dirait ‘garder son sérieux’ et pour ‘to show one’s face’ ‘se montrer’ serait apte. Que diriez-vous de ‘je n’en ai pas le courage’ pour ‘I can’t face it’.

FACE TO FACE

After all the controversy surrounding the wearing of the veil in school, here we are faced with a new facial controversy for the return to school in 2020: who’s supposed to wear a face covering to prevent the spread of Covid-19?

Older children, young children, teachers? Recommended, compulsory, forbidden? When moving around, in places where social distancing is difficult, everywhere? Following the changing safety rules has become a real challenge.

Teachers who have to wear a mask must find ways of reinforcing their teaching: eyes, voices, gestures. It’s inventing a whole new way of communicating in the classroom.

Meanwhile, the controversy about wearing a mask has made me think about the translation of the English word ‘face’, as there are three possibilities in French: le visage, la figure and la face. Le visage and la figure seem to be more or less equivalent and apply particularly to a person. However, la face is used when talking about an animal, and also in common expressions like faire face à qch (to face up to something, cope with something), perdre/sauver la face (to lose or save face) et en face-à-face (face-to-face, one-to-one).

But beware, several English expressions with ‘face’ can’t be translated literally: for example for ‘to make a face’, you’d say ‘faire une grimace’, for ‘to keep a straight face’, you’d say ‘garder son sérieux’ and for ‘to show one’s face’ ‘se montrer’ would be apt. Or how about ‘je n’en ai pas le courage’ for ‘I can’t face it’?


LES CHOUX

juin 1, 2020

Suite à la pandémie Covid-19, un nombre non négligeable de citadins adeptes du télétravail ont exprimé leur désir d’aller planter leurs choux, pour ainsi dire. Est-ce un tournant dans l’évolution de la société qui va inverser l’exode rural que l’on a connu ces cinquante dernières années?

Cette expression “aller planter ses choux”, qui signifie prendre sa retraite à la campagne. m’a rappelé que les choux figurent dans pas mal d’expressions françaises. En voici une sélection qui pourrait vous intéresser:

Si on fait chou blanc, on ne trouve pas ce qu’on cherche, on manque sa cible. on rentre bredouille, comme on dit.

Encore un négatif: si on est dans les choux, on est dans une mauvaise situation, dans le pétrin quoi.

Dans leurs feuilles de chou – la presse tabloïde – les journalistes font leurs choux gras au sujet des supposés tire-au-flanc qui ne veulent pas rentrer au travail par ce temps merveilleux.

On dit que les malheureux qui ont de grandes oreilles décollées ont des oreilles en feuille de chou, qui correspond à l’expression anglaise.

Peut-être vous connaissez d’autres expressions qui se rapportent aux crucifères?

CABBAGES

Following the Covid-19 pandemic, a not insignificant number of townies, enthusiastic about working from home, have expressed a desire to go and plant cabbages, so to speak. Is this a turning point in the development of society which will reverse the rural exodus which we’ve seen over the last fifty years?

This expression “aller planter ses choux”, which means to retire to the country, reminded me that cabbages feature in quite a lot of French expressions. Here’s a selection which might interest you:

If you “faire chou blanc”, you can’t find what you’re looking, draw a blank, come home empty-handed, as they say.

Another negative: if you’re “dans les choux” – in the cabbages – you’re in a bad situation, in a really tight spot.

In their “feuilles de chou” – the tabloid press – journalists are having a field day (faire leurs choux gras) writing about supposed skivers who don’t want to go back to work in this marvellous weather.

People who have large sticking out ears are said to have cabbage ears which corresponds to the English cauliflower ears.

Maybe you know some other expressions which refer to brassicas?


PRENDRE LE TRAIN 11

mai 1, 2020

Si quelqu’un vous dit “Je vais prendre le train 11”, ça ne veut pas forcément dire qu’il va à la gare ferroviaire. En fait, cette expression veut dire que la personne va se déplacer à pied, car le numéro 11 ressemble à deux jambes. L’équivalent en anglais pourrait être “I’m going by Shanks’ pony”.

Les jambes elles-mêmes figurent en profusion dans la langue vernaculaire. Par exemple, celui qui vous tient la jambe vous retient avec des discours ennuyeux. Tout le monde connaît quelqu’un comme ça!

Si quelqu’un n’apporte pas le soin qu’une tâche mérite, on dit qu’il la fait par-dessus la jambe. L’expression, qui date du XVIIe siècle, fait référence au jeu de paume (l’ancêtre du tennis) où l’attitude d’un joueur qui lançait la balle par-dessus la jambe était désapprouvée.

Avec tout cet exercice que vous faites sans doute pendant ce confinement, avez-vous retrouvé vos jambes de 20 ans? Non, vous me faites marcher!

Vous direz peut-être que connaître ces expressions, ça me fait une belle jambe. Peut-être bien, mais c’est quand même fascinant, n’est-ce pas?

CATCHING TRAIN 11

If someone says to you “I’m catching train 11”, it doesn’t necessarily mean they’re off to the railway station. Actually, this expression means that the person is going somewhere on foot, as the number 11 looks like two legs. The English equivalent might be “I’m going by Shanks’ pony”.

There’s a profusion of legs themselves in the vernacular. For example, someone who “holds on to your leg” is buttonholing you or bending your ear with something boring. Everybody knows someone like that!

If someone doesn’t give a job the care it deserves, you say that they’re doing it over the top of their leg, i.e. not doing it properly. The expression, which dates from the seventeenth century, refers to “real” tennis (the forerunner of lawn tennis) where it was frowned on if a player threw the ball “over the top of” his leg.

With all this exercise that you’re doubtless doing during the lockdown, are you moving like someone half your age? No, you’re pulling my leg.

You may well say that knowing these expressions will do you a fat lot of good. That’s as may be, but it’s nonetheless fascinating, isn’t it?


TAMALOU

avril 29, 2019

Vous avez déjà entendu ce mot mystérieux quand deux seniors se croisent et se disent bonjour, sans savoir de quoi il s’agit? Permettez-moi de vous expliquer.

Tamalou” est une contraction de “Tu as mal où?” Vous devez forcément connaître quelqu’un assez bien avant d’avoir recours à cette nouvelle manière de se saluer. Je vous conseille de l’employer avec modération. Sinon, vous risquez de devoir écouter une longue liste de maux et de douleurs.

Ce néologisme a été popularisé par les Goristes (autre contraction, cette fois de “goret” et “choriste”), un groupe de chansonniers Bretons.

Pour écouter la chanson rigolote et voir les paroles: https://www.youtube.com/watch?v=dz7F9wdtZz0

TAMALOU

Have you ever heard this mysterious word when two senior citizens meet and say hello, but you didn’t know what they were on about? Allow me to explain.

Tamalou” is a contraction of “Tu as mal où?” (where does it hurt?). Of course you must know someone quite well before resorting to this new way of greeting someone. I advise you to use it sparingly. Otherwise, you risk having to listen to a long list of aches and pains.

This new word was popularised by the Goristes (another contraction, this time of “goret” (pig) and “choriste” (chorister), a group of Breton singers.

To hear the amusing song and see the words: https://www.youtube.com/watch?v=dz7F9wdtZz0