MÉTRO, BOULOT, TOMBEAU

janvier 30, 2023

Métro, boulot, dodo’ Vous êtes sans doute déjà tombés sur cette expression bien-aimée des Français. Cette façon succincte de critiquer la monotonie de la vie quotidienne dérive de la dernière ligne du poème de Pierre Béarn écrit en 1951: Au déboulé garçon pointe ton numéro / Pour gagner ainsi le salaire / D’un morne jour utilitaire / Métro, boulot, bistro, mégots, dodo, zéro. La popularisation de l’expression est surtout liée aux événements de mai 1968.

Pendant ce mois de janvier 2023, plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté en France contre la réforme des retraites portée par le gouvernement (mais qui ne trouvera peut-être pas une majorité au parlement).

Parmi les pancartes des manifestants une nouvelle version de la phrase préférée des profs de français comme langue étrangère a attiré mon attention: “Métro, boulot, tombeau” fait allusion à l’allongement progressif de l’âge de la retraite de 62 ans à 64 ans d’ici 2030 qui est proposé.

D’autres slogans accrocheurs repérés:

La retraite avant l’arthrite

Pas de planète, pas de retraite

Plus de retraités joviaux, moins d’évadés fiscaux

Allô pépé, tu peux garder les mômes? Bah nan, j’peux pas, chuis au taf!

Une chanson d’Eddy Mitchell, qui date de 1971, semble bien incarner la phrase: https://www.youtube.com/watch?v=DFy_IRYTt7o

Lecture supplémentaire: mon article dans l’archive de mars 2014: Vélo, boulot, dodo https://saliannefrenchfocus.wordpress.com/2014/03/18/1881/

METRO, WORK, GRAVE

Métro, boulot, dodo’. You’ve doubtless already come across this well-loved French expression. This succinct way of criticising the monotony of daily life which has its roots in the last line of the poem of Pierre Béarn written in 1952: Rush in boy punch your number / Thus to earn the salary / Of a dreary utilitarian day / Metro, work, bistro, cigs, sleep, zero. The expression really became popular during the events of May 1968.

During January 2023, severalhundred thousand people en France demonstrated against the government’s proposed retirement reform (which may not get a parliamentary majority).

Amongst the protesters’ placards a new version of the favourite phrase of teachers of French as a foreign language caught my eye: ‘Métro, boulot, tombeau’ (metro, work, grave) refers to the proposed progressive extension of the retirement age from 62 to 64 between now and 2030.

Other eye-catching slogans spotted:

La retraite avant l’arthrite (Retirement before arthritis)

Pas de planète, pas de retraite (No planet, no retirement)

Plus de retraités joviaux, moins d’évadés fiscaux (More happy retirees, less tax evaders)

Allô pépé, tu peux garder les mômes? Bah nan, j’peux pas, chuis au taf! (Hello Grandad, can you look after the kids? No, I can’t, I’m at work!)

An Eddy Mitchell song from 1971 seems to illustrate the phrase well: https://www.youtube.com/watch?v=DFy_IRYTt7o

Further reading: my article ‘Vélo, boulot, dodo’ from the March 2014 archive: https://saliannefrenchfocus.wordpress.com/2014/03/18/1881/


UNE ÉPIDÉMIE DE FLEMME

décembre 5, 2022

Selon une étude de la Fondation Jean Jaurès*, un think tank de centre gauche, les Français ont perdu leur appétit de vivre.

D’après les auteurs, Jérôme Fourquet, directeur de l’IFOP, et Jérémie Peltier, directeur général de la Fondation, cette apathie, surtout chez les jeunes, est dû à une série de chocs psychologiques: les attentats terroristes, les manifs des gilets jaunes, la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. La France est déprimée.

Un tiers des sondés se déclarent moins motivés depuis la crise sanitaire. Seulement 24% estiment que leur travail est “très important” (par rapport à 60% en 1990). 45% des personnes interrogées se replient chez eux, n’ont plus envie de sortir. Les salles de cinéma, les boîtes de nuit et les centres sportifs ont du mal à se remplir. Toute une génération de pantouflards est née car le vendredi soir idéal de 37% des sondés se compose d’un plateau-télé. Le farniente a remplacé la sortie avec des potes, les mollassons règnent en maître absolu.

La retransmission de l’épisode final du plus ancien feuilleton français Plus Belle la Vie le 18 novembre semble être du mauvais timing. Par contre, la coupe du monde de foot en décembre attire beaucoup de téléspectateurs.

* La Fondation n’a aucun lien avec la famille de Jean Jaurès, fondateur en 1904 du journal L’Humanité, homme politique pacifiste qui est mort assassiné en 1914.

AN EPIDEMIC OF IDLENESS

According to a study by the Fondation Jean Jaurès*, a centre-left think tank, the French have lost their appetite for life.

In the opinion of the report’s authors, Jérome Fourquet, director of IFOP (polling institute), and Jérémie Peltier, managing director of the foundation, this apathy, particularly amongst young people, is due to a series of psychological shocks: terrorist attacks, the yellow vest demonstrations, the Covid-19 pandemic and the war in Ukraine. France is depressed.

A third of respondents stated that they are less motivated since the pandemic. Only 24% of people feel that their work is “very important” (compared to 60% in 1990). 45% of people questioned are withdrawing from society, can’t be bothered to go out. Cinemas, nightclubs and sports centres are not full. A whole generation of stay-at-homes has been born as the ideal Friday night of 37% of respondents consists of a TV dinner. Lazing about is the new going out with mates, couch potatoes reign supreme.

The transmission of the final episode of the longest-running French soap opera ‘Plus Belle la Vie’ (The Sunny Side of Life) on 18 November seems to be bad timing. On the other hand, the football world cup in December is drawing big TV audiences.

* The Foundation has no connection with the family of Jean Jaurès, the founder in 1904 of the newspaper ‘L’Humanité’, a pacifist politician who was assassinated in 1914.


COUP D’ENVOI DE LA COUPE DU MONDE DE FOOT

novembre 21, 2022

Hier on a vu le premier match du tournoi de 2022, une victoire pour l’Équateur contre le pays hôte controversé du Qatar, qui fait face à de nombreuses critiques, notamment le traitement des travailleurs migrants, la place des femmes et des minorités LGBT dans la société et l’empreinte environnementale de l’événement.

Emmanuel Macron a déclaré la semaine dernière qu’il ne fallait pas politiser le sport et qu’il faut se poser les questions politiques au bon moment. Dans une certaine mesure, il a raison. Il est trop tard pour changer de lieu à la veille des championnats. Il a annoncé par ailleurs qu’il se rendra au Qatar si les bleus atteignent les demi-finales. Une victoire sportive ne fait jamais de mal à la cote de popularité d’un président.

Entretemps, les maires des villes françaises se trouvent dans l’embarras. Certains, comme Michaël Delafosse, le maire (PS) de Montpellier, qualifient le choix du Qatar comme désastreux, même ubuesque. Comme Paris, Marseille, Lille, Strasbourg, Bordeaux, Reims et bien d’autres, Montpellier va boycotter la compétition: il n’y aura pas de grands écrans installés dans les places de la ville pour retransmettre les matchs. Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au delà.

Mais, comme a dit Voltaire, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les bars qui auront installé un grand écran (ou même un petit) seront probablement bondés et les propriétaires contents de l’occasion de récupérer une partie de ce qu’ils ont perdu pendant la pandémie. D’autres villes, comme Nice, Cannes et Perpignan ménagent la chèvre et le chou en indiquant qu’ils vont diffuser sur des écrans géants des rencontres au Qatar “en fonction des résultats” de l’équipe de France.

Qui sortira gagnant sur le terrain du Mondial, on n’en sait rien. Ce qui semble plus sûr c’est que les travailleurs migrants, les minorités et l’environnement seront les grands perdants. Pour le moment, le foot tient les manchettes, la COP27 ratée est déjà oubliée.

FOOTBALL WORLD CUP KICKS OFF

Yesterday saw the first match in the 2022 tournament, a victory for Ecuador against the controversial host nation Quatar, which is facing a lot of criticism, particularly for its treatment of migrant workers, the place of women and LGBT minorities in society and the environmental footprint of the event.

Emmanuel Macron stated last week that we musn’t politicise sport and that questions need to be asked at the right time. To an extent, he’s right. It’s too late to change the venue just before the championships. He’s also announced that he’ll go to Qatar if ‘the blues’ reach the semi-finals. A sporting victory never does any harm to a president’s poll ratings.

Meanwhile, mayors of French towns find themselves in an awkward position. Some, like Michaël Delafosse, the socialist mayor of Montpellier, describe the choice of Qatar as desastrous, even ludicrous. Like Paris, Marseille, Lille, Strasbourg, Bordeaux, Reims and many more, Montpellier is going to boycott the competition: they won’t be installing any big screens in the town’s squares to show the matches. One man’s meat is another man’s poison.

But, as Voltaire said, it’s an ill wind that blows nobody any good. Bars who’ve installed a big screen (or even a small one) are likely to be packed and their owners happy to have a chance to recoup some of what they lost during the pandemic. Other towns, such as Nice, Cannes and Perpignan, are trying to keep everyone happy by stating that they will show matches from Qatar on big screens “according to the results” of the French team.

Who will win on the World Cup pitch is anybody’s guess. What seems more certain is that the migrant workers, minorities and the environment will be the big losers. For the time being, football is in the headlines, the failed COP27 is already forgotten.


UNE QUESTION DE SAISON

octobre 31, 2022

Quelle est la différence entre une citrouille et un potiron?

Ils sont tous les deux des cucurbitacées qui, à première vue, se ressemblent beaucoup.

Le potiron a un goût plus doux et sucré et est moins filandreux. Donc pour vos potages, choisissez le potiron. Pour distinguer entre les deux, étudiez le pédoncule. Celui de la citrouille est dur et fibreux avec des angles bien marqués, tandis que celui du potiron est plus souple au toucher et plus arrondi. La citrouille est toujours orange mais un potiron peut être orange, vert foncé ou jaune.

Si à la saison de la fête d’Halloween vous voulez sculpter une mascotte Jack-o-Lantern, trouvez plutôt une citrouille. Elles sont beaucoup moins chères et plus faciles à vider et à travailler la chair au couteau.

Beaucoup de Français dédaignent la grotesquerie d’Halloween à l’américaine, mais cette fête commercialisée s’approche à pas de loup depuis quelques années. Par bonheur, des enfants qui frappent à la porte pour demander des bonbons ou un sort sont encore rares.

Pourtant, la Toussaint se fête le 1er novembre, une occasion pour les membres d’une famille de se réunir au cimetière pour déposer des chrysanthèmes sur les tombes de leurs proches. Cette année, la Toussaint tombe un mardi, l’occasion donc de ‘faire le pont’, cette habitude bien-aimée des Français de partir en week-end prolongé.

A SEASONAL QUESTION

What’s the difference between a ‘citrouille’ and a ‘potiron’ pumpkin?

Both are cucurbitaceae which, at first sight, look very similar.

The ‘potiron’ pumpkin has a milder, sweeter taste and is less fibrous. So, for your soups, choose a ‘potiron’. To distinguish between the two, study the stalk. The ‘citrouille’ stalk is hard and fibrous with well defined angles, whereas the ‘potiron’ stalk is more supple to the touch and more rounded. A ‘citrouille’ is always orange, but a ‘potiron’ can be orange, dark green or yellow.

If, when Halloween comes round, you want to carve a Jack-o-Lantern mascot, get hold of a ‘citrouille’. They’re far cheaper and easier to hollow out and work on the flesh with a knife.

Many French people scorn the grotesqueness of the American-style Halloween, but this commercialised festival has been creeping up for several years. Fortunately, children knocking at the door asking for a trick or a treat are still rare.

However, All Saints Day is celebrated on 1st November, an occasion for family members to meet up at the cemetery to put chrysanthemums on their loved ones’ graves. This year, All Saints Day falls on a Tuesday, a chance to ‘faire le pont’ (make the bridge), that much-loved habit of French people of taking a long weekend when there’s a bank holiday.


LES STARS SE COUPENT LES CHEVEUX

octobre 10, 2022

Elles sont une cinquantaine d’actrices et de chanteuses françaises qui se sont coupé les cheveux en soutien aux femmes iraniennes. Mahsa Amini, une femme de 22 ans, a été arrêté par la police des moeurs pour avoir porté le voile de manière inappropriée. Ensuite elle est morte.

À l’initiative de trois avocats, dont Julie Couturier, la bâtonnière de Paris, les grands noms féminins du monde du cinéma et de la chanson ont sorti leurs ciseaux.

Dans une vidéo diffusée sur Internet la semaine dernière, ces stars engagées se sont filmées en train de se couper les cheveux. Une brochette de célébrités qui ont voulu démontrer leur solidarité avec les manifestantes en Iran, suite à la mort de la jeune femme. La vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux.

Sur le compte Instagram Soutien femmes Iran, on voit Juliette Binoche, Marion Cotillard, Isabelle Adjani, Isabelle Huppert, Jane Birkin, Charlotte Gainsbourg, Julie Gayet et j’en passe. En fond musical, on entend la reprise de la chanson italienne Bella Ciao, chantée en persan par l’Iranienne Gandom, devenue un hymne de la révolte.

STARS CUT THEIR HAIR

There are about fifty French actresses and singers who’ve cut their hair in support of Iranian women. Mahsa Amini, a 22 year old woman, was arrested by the morality police for wearing the veil in an inappropriate way. Then she died.

On the initiative of three lawyers, including Julie Couturier, president of the Paris bar, big female names from the world of cinema and song got their scissors out.

In a video broadcast on the Internet last week, these committed stars filmed themselves cutting their hair. A whole bunch of celebrities who wanted to show their solidarity with demonstrators in Iran, following the death of the young woman. The video has gone viral on social networks.

On the Instagram account ‘Soutien Femmes Iran’ (‘Hair for Freedom’), you can see Juliette Binoche, Marion Cotillard, Isabelle Adjani, Isabelle Huppert, Jane Birkin, Charlotte Gainsbourg, Julie Gayet and many more. The background music you can hear is a cover of the Italian song ‘Bella Ciao’ sung in Persian by the Iranian Gandom, which has become an anthem of the rebellion.